Les parasites des abeilles sauvages
Dès l’apparition des premières fleurs au mois de mars, les abeilles sauvages émergent de leurs cocons et collectent le pollen et le nectar dans nos jardins. Elles construisent, à l’intérieur des Dorlotoirs, des cellules en enfilade, chacune de ces cellules contenant une larve et un stock de pollen. L’accumulation de nourriture à l’intérieur des Dorlotoirs suscite donc de nombreuses convoitises et les parasites n’hésitent pas à s’attaquer aux nids des abeilles sauvages.
Quels sont les principaux parasites qui s’installent dans les nids des abeilles maçonnes ? Quels sont leurs modes opératoires ? L’équipe des Dorloteurs d’Abeilles vous explique tout !
La mouche drosophile
Cacoxenus Indagator est une mouche du genre Drosophile et de la famille des Drosophilidae. Mesurant entre 2 et 4 mm, elle apparaît en même temps que l’osmie cornue en mars et elle est présente jusqu’à la fin juin.
Cette mouche dite clepto-parasitaire est l’un des principaux responsables de la destruction des populations d’abeilles solitaires. Celle-ci n’est pas un parasitoïde car elle ne dévore pas la larve de l’hôte.
Aussi surnommée “mouche satellite”, on peut régulièrement l’observer en train de suivre à distance les abeilles sauvages jusqu’à leur nid.
Comment la mouche drosophile parasite-t-elle les nids des osmies ?
La mouche drosophile attend sur le côté du Dorlotoir le départ de l’abeille maçonne pour entrer à l’intérieur du tube. Elle y dépose alors entre 6 et 8 œufs minuscules sur la pâte pollinique. Dans les cellules infestées, on peut observer de petits asticots blancs (parfois cachés dans les coins des cellules) et de minces filaments rougeâtres (les excréments des asticots).
Les Drosophilidae suivent le cycle des larves d’abeilles maçonnes, ce qui en fait un prédateur redoutable.
Ces larves de mouche ne s’intéressent pas aux larves d’abeilles, elles vont cependant les tuer involontairement en dévorant tout le stock de pollen. Si d’autres cellules sont à proximité, elles peuvent perforer les parois et les infester.
Le clairon des abeilles
Le clairon des abeilles (Trichodes Apiarius) fait partie de la famille des Cléridés. C’est un coléoptère facilement identifiable grâce à ses bandes rouges et noires. De forme allongée et très poilu, il mesure entre 9 et 17 mm.
Présent de mai à septembre, il vit dans les prairies fleuries mais également sur ou sous l’écorce des arbres. Les adultes se nourrissent de nectar et de pollen mais peuvent aussi chasser les petits insectes. Les larves, quant à elles, se nourrissent des œufs et larves des abeilles sauvages, d’où leur nom.
Comment le clairon des abeilles parasite-t-il les nids des abeilles solitaires ?
Après l’accouplement, la femelle du clairon des abeilles s’envole à la recherche de nids d’abeilles maçonnes. Elle s’installe ensuite à proximité pour pondre jusqu’à 260 œufs.
Après éclosion, la larve du clairon des abeilles se déplace jusqu’au nid d’osmie le plus proche. Puis, à l’aide de ses mandibules, elle gratte la couche de terre argileuse que l’osmie a construite pour fermer l’entrée du nid et protéger sa descendance.
Après quelques minutes, celle-ci réussit à se faufiler à l’intérieur pour se nourrir de la larve d’osmie. Une seule larve de clairon des abeilles peut décimer plusieurs cellules d’un nid d’abeille maçonne en passant de l’une à l’autre.
Après quelques semaines, la larve atteint sa taille définitive et fabrique une coque protectrice pour se transformer en nymphe. Le clairon adulte verra le jour à la même période que les jeunes abeilles maçonnes.
La guêpe chryside
La guêpe chryside, plus communément appelée “guêpe coucou” fait partie de la famille des Chrysididae. Aussi surnommée “chryside enflammée” du fait de ses couleurs métalliques (vert, bleu, rose), sa taille varie entre 5 et 8 mm.
On qualifie la guêpe chryside de clepto-parasite. En effet, à la manière de l’oiseau coucou, elle s’approprie les nids d’autres insectes pour pondre ses œufs. On peut également la caractériser de parasitoïde puisque la larve de guêpe coucou dévore la larve d’abeille maçonne.
Comment la guêpe chryside parasite-t-elle les nids des abeilles maçonnes ?
Lorsque l’abeille sauvage quitte son nid encore en construction, la guêpe coucou s’immisce à l’intérieur et pond une larve à proximité de la larve d’abeille sauvage. La larve de guêpe chryside dévore alors la larve hôte. Dans certains cas, la larve de chryside attend que la larve d’abeille maçonne ait consommé la pâte pollinique et soit bien développée pour la consommer.
Après plusieurs semaines, la larve atteint sa taille adulte et commence sa transformation en guêpe chryside pour sortir du nid.
L’acarien du pollen
Les acariens des abeilles solitaires, aussi appelés “mites des abeilles solitaires”, sont des mites de pollen de la famille Chaetodactylidae qui mesurent 0,5 mm. L’acarien que l’on retrouve le plus souvent dans les nids d’abeilles maçonnes est Chaetodactylus Osmiae. Celui-ci se nourrit du pollen et du nectar accumulés à l’intérieur des cellules larvaires.
Il est possible d’observer des abeilles sauvages sortir de leurs nids recouvertes de ces acariens, parfois tellement chargées qu’elles sont presque incapables de s’envoler.
Comment les acariens du pollen s’attaquent-ils aux nids des osmies ?
Lorsqu’une abeille maçonne se pose sur une fleur pour butiner, les acariens du pollen en profitent pour s’accrocher à ses poils. Sans le savoir, l’abeille sauvage transporte jusqu’à son nid les acariens qui vont profiter du stock de nectar et de pollen pour se reproduire. Lorsqu’ils sont en grand nombre, ils occupent entièrement l’espace de la cellule et affaiblissent la jeune larve d’abeille sauvage en empêchant sa croissance.
Au printemps suivant, les abeilles maçonnes émergent des autres cellules et passent à travers celles infestées. Les mites s’accrochent et le cycle recommence.
Il est très facile d’identifier une infestation. Les amas de mites ressemblent à de la poudre de pollen broyé. Mais ne vous y trompez pas, celui-ci est bien vivant et gigote !
La guêpe mono
La guêpe mono est un chalcidien de la superfamille Chalcidoidea. Ces petites guêpes mesurent de 3 à 4 mm et apparaissent entre mai et juin.
Cette guêpe est un parasitoïde : ses larves s’attaquent directement à la larve hôte. Elle ne parasite pas que les abeilles maçonnes, mais presque tous les Arthropodes (insectes).
Seules les femelles possèdent une tarière de ponte à l’extrémité de leur abdomen.
Comment agit la guêpe mono ?
La guêpe mono femelle marche sur les tubes à la recherche de vibrations signalant la présence d’une larve d’abeille. Elle utilise alors son ovipositeur pour percer le tube et le cocon qu’il contient pour y déposer environ 7 larves. Généralement, les femelles piquent les cellules aux parois fines ou endommagées. Il est très rare de ne retrouver qu’un seul cocon parasité.
Si vous observez de petits trous sur vos tubes, il est très probable qu’une guêpe mono soit passée par là ! La larve de la guêpe mono se nourrit de la larve hôte et atteint sa taille adulte en 2 semaines seulement. Elle émergera du cocon en mâchant les parois du cocon et du tube, créant de petits trous visibles à l’œil nu.
Comment empêcher l’invasion de ces parasites ?
Il est toujours difficile d’empêcher à 100% l’infestation des nids de nos abeilles maçonnes. Pour les éviter durant l’été, vous pouvez retirer les tubes en carton dès qu’ils sont bouchés par les abeilles et les entourer d’un filet ou d’un tissu. Cela permettra de bloquer l’accès aux parasites et prédateurs un peu trop curieux.
À la fin de l’automne, vous pouvez renvoyer vos cocons à l’équipe des Dorloteurs, nous permettant de les déparasiter. Cela vous permet également de bien nettoyer vos Dorlotoirs en prévision de la saison suivante !
Découvrez notre article de blog “pourquoi et comment protéger mes nids d’abeilles solitaires en été ?”