Quelles abeilles sauvages peut-on observer en automne ?
La saison estivale touche à sa fin et les abeilles sauvages qui nichent dans les Dorlotoirs l’été ont presque terminé leur période de vol, laissant les jeunes larves grandir tranquillement dans leur cocon. Cependant, certaines espèces d’abeilles sauvages, que l’on ne croise pas aux abords des Dorlotoirs, sont encore présentes jusqu’à la fin octobre. Qui sont-elles ? Comment les identifier ? Où les observer ? Partons à la rencontre de ces abeilles sauvages qui n’ont peur ni du froid ni de la pluie d’automne !
La Collète du lierre
La collète du lierre (Collettes Hederae), appartient à la famille des Collétidés te a été découverte en 2001 au Royaume-Uni. Elle a ensuite fait son apparition en Europe, où elle se plaît particulièrement grâce aux longues floraisons du lierre dans nos régions.
Comment reconnaître la Collète du lierre ?
La Collète du lierre présente une pilosité brune homogène sur le thorax, et un abdomen noir parcouru de larges bandes de poils pâles. Les femelles mesurent entre 10 et 12 millimètres, tandis que les mâles mesurent entre 8 et 10 millimètres. Ils sont plus petits et élancés que les femelles, mais n’ont pas de caractéristiques d’identification distinctes.
Quand observer la Collète du lierre ?
Les mâles apparaissent vers la fin août, suivis par les femelles vers le début du mois de septembre et jusqu’au milieu de l’automne. Il est possible de les observer en rassemblement dans les parcs et jardins mais aussi au cœur des villes.
Quel est le cycle de vie de la Collète du lierre ?
Comme toutes les espèces appartenant à la famille des Collétidés, ces abeilles sauvages font leurs nids dans les sols meubles (sable par exemple). La galerie principale mesure environ 10 centimètres de long et contient une dizaine de cellules, dans chacune desquelles l’abeille pond un œuf. La femelle pond ses œufs durant sa période de vol entre les mois d’août et d’octobre. Les larves passeront l’hiver et le printemps dans leurs cocons avant d’éclore en août de l’année suivante.
Quelles plantes sont visitées par la Collète du lierre ?
Comme son nom l’indique, cette abeille sauvage montre une nette préférence pour le lierre. Cependant, les femelles peuvent récolter occasionnellement du pollen sur d’autres plantes comme les éricacées (myrtilles, bruyères) ou les astéracées (marguerites, pâquerettes, tournesols).
Les bourdons
À l’automne, quatre espèces de bourdons peuvent être observées : le bourdon des champs, le bourdon des pierres, le bourdon des arbres ainsi que le bourdon terrestre. Tout comme le Xylocope violet, que l’on peut aussi observer en automne, ils appartiennent à la famille des Apidés.
Ces quatre bourdons partagent de nombreuses similitudes en termes de nidification et d’organisation sociale. En effet, les bourdons sont des abeilles sauvages mais vivent en colonie La reine hiberne durant tout l’hiver dans une petite cachette nommé « hibernaculum ». Elle vit seule durant les premières phases de l’installation de sa colonie. Selon le lieu de nidification, qui diverge selon l’espèce, la reine construit dans le nid un petit pot de cire, dans lequel elle pond quelques œufs, qu’elle couve avec sa chaleur corporelle pouvant atteindre 30°C.
Lorsque les jeunes larves naissent, la reine les nourrit avec du nectar et du pollen par transfert de bouche-à-bouche. Ces larves deviendront quelques semaines plus tard les futures ouvrières. Une colonie compte entre 50 et 500 individus.
À la découverte du bourdon des arbres
Comment reconnaître le bourdon des arbres ?
Le bourdon des arbres (Bombus Hypnorum), mâle comme femelle, est de couleur noire avec une pilosité brun roux sur le thorax, et quelques poils blancs sur l’extrémité de l’abdomen. Les reines mesurent entre 18 et 20 millimètres, les mâles entre 14 et 16 millimètres et les ouvrières, plus petites, mesurent entre 8 et 16 millimètres.
Où peut-on observer le bourdon des arbres ?
Ce bourdon doit son nom au fait que les colonies sont souvent créées au-dessus du sol, dans les troncs creux des vieux arbres, dans des nichoirs à oiseaux, des étables ou des granges. Les nids des bourdons des arbres sont composés
- de cellules claires qui renferment des cocons avec des nymphes
- de cellules foncées qui contiennent des larves et du pollen
- et enfin des cellules ouvertes qui ont déjà donné naissance à un jeune bourdon et servent désormais de réserve de pollen.
Le bourdon des arbres peut être facilement observé dans nos régions et au cœur des villes. À l’échelle européenne, il est actuellement en expansion et n’est pas considéré comme menacé.
Quelles sont les plantes préférées du bourdon des arbres ?
Au printemps, les reines qui sortent d’hibernation visitent les premières fleurs de nos parcs et jardins et de préférence les fleurs des arbres fruitiers comme le cerisier, le poirier ou le pommier.
À la découverte du bourdon des champs
Comment reconnaître le bourdon des champs ?
Le bourdon des champs (Bombus Pascuorum) est aussi appelé bourdon roux de par sa pilosité. Il est le plus commun de nos régions et présente une pilosité claire dans les tons caramel et roux. En général, le bourdon des champs présente un thorax de couleur fauve et un abdomen à bande noire. Le bout de son abdomen est de couleur fauve. La reine mesure entre 16 et 18 millimètres tandis que le mâle mesure entre 12 et 14 millimètres. Les ouvrières sont beaucoup plus petites, mesurant entre 8 et 12 millimètres.
Où peut-on observer le bourdon des champs ?
Ce bourdon est l’un des plus impliqués dans la pollinisation de nos cultures puisque l’on peut le retrouver sur les légumes, les fruits, les arbres (cerisiers, pommiers, poiriers …) ainsi que sur plusieurs variétés de fleurs. Présent toute l’année, il s’adapte à de fortes variations de température et est le dernier à rentrer en hibernation. Il est donc l’un des pollinisateurs les plus efficaces. Il se plait dans les parcs, les jardins et au cœur des villes. Le bourdon des champs installe souvent son nid à même le sol, dans un tas de feuilles ou de mousse.
À la découverte du bourdon des pierres
Comment reconnaître le bourdon des pierres ?
Le bourdon des pierres (bombus Lapidarius) est un bourdon de grande taille. Les reines mesurent entre 16 et 18 millimètres, tandis que les mâles et les ouvrières mesurent entre 11 et 13 millimètres. Les reines sont recouvertes de poils noirs, à l’exception du bout de l’abdomen qui est orange. Les ouvrières n’ont pas de caractéristiques d’identification distinctes des reines. Seuls les mâles présentent une petite tache jaune sur la face, et une collerette de la même couleur autour du thorax.
Où peut-on observer le bourdon des pierres ?
Très commun en Europe occidentale, le bourdon des pierres fréquente généralement les milieux ouverts. Il peut explorer une zone de quelques centaines de mètres, jusqu’à 1,5km autour de son nid. Les reines installent leur nid dans le sol ou entre des pierres, d’où leur surnom.
Quelles plantes sont pollinisées par le bourdon des pierres ?
Le bourdon des pierres a une préférence pour les légumineuses et les astéracées comme les chardons. On le rencontre en nombre dans les vergers ou les champs de colza.
Les Lasioglosses
À l’automne, deux espèces de Lasioglosses peuvent être observées aux abords de nos jardins et au cœur des villes. Le Lasioglosse à six tâches et le Lasioglosse commun appartiennent à la famille des Halictidés. Ils partagent des techniques de nidification communes. En effet, ces deux espèces font leurs nids dans des sols meubles, où ils creusent une galerie d’environ 10 centimètres de long et qui contient une dizaine de cellules larvaires. Cependant, leurs organisations sociales sont différentes, puisque l’on retrouve différents degrés de sociabilité. Certains partagent la même entrée de nid et s’occupent individuellement de leurs cellules larvaires. D’autres partagent le nid, mais aussi l’aménagement des cellules, la ponte, l’approvisionnement en nectar et en pollen. L’accouplement a lieu en automne et souvent à l’intérieur du nid. En général, les femelles hibernent jusqu’au printemps et les mâles meurent à la fin de l’automne.
Comment reconnaître le lasioglosse à six tâches ?
Le corps du Lasioglosse à six tâches (Lasioglossum Sexnotatum) est d’un noir intense de la tête à l’abdomen avec une pilosité grisâtre. Certains segments de son abdomen contiennent des taches blanches, contrastant avec le reste du corps. Les femelles mesurent entre 9 et 11 millimètres tandis que les mâles mesurent entre 8 et 10 millimètres. Leurs antennes sont plus longues que celles des femelles et ils présentent une petite tache jaune pâle sur leur face.
Les Lasioglosses à six tâches sont solitaires. Les femelles creusent leurs propres galeries mais il n’est pas rare de retrouver les nids en bourgades, isolés et dispersés. Ils sont donc très difficiles à découvrir car leur entrée est bien camouflée dans la végétation dense. On connaît donc très peu de choses sur la nidification de ce Lasioglosse.
Comment reconnaître le lasioglosse commun ?
Le Lasioglosse commun (Lasioglossum Calceatum) est une abeille sauvage présentant une pilosité brun clair sur le thorax et des bandes jaune feutrées sur la base de l’abdomen. Les mâles ont un abdomen rougeâtre avec des bandes de poils clairs en leur milieu. La femelle mesure entre 7 et 9 millimètres tandis que le mâle est plus petit et mesure entre 6 et 8 millimètres.
Le Lasioglosse commun est une espèce semi-sociale (sociale dans les zones les plus méridionales, solitaires ailleurs). Les femelles fondatrices émergent dès le début du printemps, et les premières ouvrières apparaissent en été, en même temps que les mâles. Il n’est pas rare de voir des rassemblements de nids dans les parcs et les jardins, en particulier là où le sol est relativement meuble. Les mâles se rassemblent parfois sur la végétation pour passer la nuit. On peut observer ce Lasioglosse jusqu’en automne, en même temps que la collète du lierre.
Alors, ce n’est pas parce que l’été touche à sa fin qu’il ne faut plus observer nos petites pollinisatrices ! Si elles sont difficiles à observer, elles sont bel et bien présentes … Ouvrez l’œil !